Couverture PREMIERE : Bruce Willis photographié par Luc Besson

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Bruce Willis
par Luc Besson

Interview : Jacques-André Bondy / Première
Production : J.A.B. / Première

Photos : Luc Besson
Production : Luc Besson, J.A.B.

Apres des mois de négociations, il fallait se rendre à l'évidence; interviewer Bruce Willis autrement qu'au téléphone semblait impossible. Quant à le photographier... Entre deux avions, il ne passe à Hollywood que pour mettre la dernière main à ses contrats, avant de foncer se réfugier à plus de 1000 kilomètres de là, dans son ranch de l'Idaho, à Sun Valley, un petit village ensoleillé coincé entre les montagnes. Oubliez tout accès terrestre: quand on ne dispose pas d'un jet privé, s'y rendre depuis Los Angeles, c'est d'abord dénicher les deux seuls petits coucous qui peuvent vous y emmener, puis se taper un vol de plus de quatre heures dans chaque sens, via Salt Lake City. Mais quand Luc Besson accepte d'être celui qui photographiera Bruce pour les lecteurs de Première, tout se débloque. La veille de la rencontre, alors que nous nous préparions a l'expédition, sans crier gare, Bruce propose de rentrer en coup de vent, au petit matin, et de nous recevoir dans une de ses maisons.

Mardi 8 avril, il est 10h, nous retrouvons Luc dans le salon de sa maison de Malibu. Il est heureux: la veille il a enfin achevé son marathon commencé il y a une vingtaine de mois, apportant les dernières retouches à son Cinquième Elément. L'arrière de son 4x4 chargé du matériel destiné à la séance photo, nous roulons pendant une heure sur une route poussiéreuse serpentant entre les collines qui surplombent Los Angeles. Soudain, nous repérons, entre deux branches, le minuscule panneau bleu, dernière étape de notre jeu de piste. Aucune route pourtant n'est visible… Ah, si ! Presque derrière nous, un chemin de terre plonge entre les feuillages. Deux maisons modestes à droite et a gauche, puis un cul-de-sac a moins de 50 mètres. On s'est planté ? Non, caché au bout, une grande grille métallique noire en fil de fer barbelé. L'interphone est en panne. A terre, une pile de Los Angeles Times pourrit dans son plastique postal. Le portail s'ouvre automatiquement. Nous sommes donc bien attendus. On descend un autre petit chemin, et la maison, simple et calme, apparaît. Sur les briques devant l'entrée, un homme, pieds et torse également nus, marche lentement, un téléphone portable a l'oreille. Il lève un bras en guise de salut avant de rebaisser le crâne et de se le caresser comme Brando dans Apocalypse Now. C'est Bruce Willis. Cette maison n'est qu'une planque, il n'y a aucun doute là-dessus. Malgré sa hauteur, on a préféré la dissimuler derrière ses haies plutôt que de profiter d'une vue qui serait magnifique. L'intérieur est simple, à peine meublé. Luc se prépare un thé. Placards et poubelles sont vides. Une grande télé, un magnéto, une vieille sono, un juke-box, un billard et c'est tout. Personne ne vit ici. Luc et Bruce ne se sont pas vus depuis des mois, mais le temps presse. Nous débarquons deux lampes, trois écrans… Bruce se plie en toute confiance aux indications de Luc. Puis il nous installe dans le jardin et parle d'une voix lente pendant que les oiseaux piaillent.
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